Ça y est, c’est le départ du roadtrip !
On se reveil un peu groggy après cette nuit sans nuit, mais on est excités de boucler nos sacs pour prendre la route.
Comme la veille, on fait un sort au buffet de l’hôtel puis on part récupérer notre maison roulante dans la banlieue de Tromsø. Une heure plus tard, nous voilà au volant de notre Caddy équipée pour la survie. En plus du lit, l’arrière du véhicule est astucieusement aménagé avec des éléments coulissants qui sortent du coffre : deux brûleurs, une glacière électrique et un évier. Avec la douche solaire, on peut être complètement autonomes et on a seulement besoin de revenir en ville pour faire les courses et remplir nos bidons d’eau.

On prend donc tranquillement la route vers le sud. Il faut parcourir 300 km avant de quitter le continent pour les îles Vesteralen qui précèdent les Lofoten. Je dis tranquillement car ici on est loin des autoroutes. Même si c’est la principale route qui traverse le nord du pays, elle n’a que deux voies et la vitesse y est limitée à 80 km/h.
Et c’est tant mieux, car ce rythme nous permet de profiter du paysage. On quitte vite les montagnes pelées de Tromsø pour se trouver dans de petites vallées forestières dominées par des sommets enneigés. Et au plus on avance vers le sud au plus les arbres sont grands, les petits bouleaux chétifs laissent la place à de grands conifères. Avec la mer en fond, on s’imagine vraiment rouler dans une carte postale.
On croise des villes dont les noms rudes sonnent comme des insultes à nos oreilles non-averties de petits Français : Nordkjosbotn, Bardufoss, Bjerkvik, Narvik, Evenskjer, …
Arrive enfin le premier pont et Hinnøya, la première île Vesteralen. Elle a deux sœurs plus au nord que nous visiterons peut-être après les Lofoten. On s’engage donc sur les îles et sur la fameuse E10, la route qui serpente entre les montagnes et traverse l’archipel jusqu’au village d’Å (à prononcer œ), au bout du monde, 350 km plus loin.
Dès le passage du pont, on en a plein les yeux. Les bras de mers aux eaux tantôt bleu nuit, tantôt turquoises s’enfoncent dans les terres de l’île. Et au loin, on voit les premiers sommets pointus de l’archipel, comme des Alpes miniatures surgies de la mer.
Après la route, c’est l’heure de la pause. On fait une halte pour se dégourdir les jambes dans le parc naturel de Møysalen, qui doit son nom au mont Møysalen, le point culminant des Vesteralen. On est déjà en fin d’après-midi, donc trop tard pour tenter les 10h d’ascension jusqu’au sommet, mais on se lance tout de même à l’assaut des premiers paliers pour profiter de la vue.

L’approche se fait au bord d’un lac (où est-ce un bras de mer ?) et les moustiques nous attaquent. Mais nous sommes bien parés, deux coups de pshitt et on commence à grimper au milieu des fougères qu’on n’attendait pas au nord du cercle polaire. Bien essoufflés, on arrive sur un premier plateau et une jolie vue.

Le soleil est encore haut, alors nous continuons de grimper, encore et encore, à la poursuite du sommet suivant en espérant avoir une vue sur la mer des deux côtés de l’île.

Par peur de l’obscurité, nous renoncerons après 2h30 d’ascension, mais heureux d’avoir trouvé de la neige. Et c’était la bonne chose à faire car à peine la descente entamée, Clémence perd la moitié de sa chaussure droite. La semelle se décolle et Ted bricole pour la faire tenir avec une sangle jusqu’à la fin de la rando. Clopin-clopant, on dévale les pentes, passons les rivières à gué et continuons de lutter contre les moustiques qui reviennent dès que le vent tombe.

Malgré la fatigue, on part en quête d’un meilleur lieu de camping que le parking de la rando. On finit par trouver sur une des rares routes secondaires, un coin de champ avec une jolie vue. C’est le moment de se frotter à la réalité de la douche en plein air par 15 degrés…
C’est un peu frais mais le soleil brille toujours à 23h30, on s’en sort bien pour cette première journée !

Et quelle vue au petit dej !
